QUATRIEME VOYAGE EN AMERIQUE DU SUD

4 avril 2009
En Argentine, en route vers la capitale fédérale, nous sommes toujours à la recherche d’un lieu de stationnement où laisser notre voiture pendant que nous serons en France.


Salinas Grandes, un goût d’infini, sur la ruta 60.

Au camping municipal Los Nogales à Jesus Maria, reçus avec beaucoup de gentillesse par Virginia et Carlos, les gérants, nous retrouvons de vieilles connaissances, des amis camping-caristes membres comme nous de l’association CCRSM (Camping-Cars sur les Routes de la Soie et du Monde) qui regroupe des voyageurs au long cours motorisés.


Estancia jésuite du XVIIe siècle à Jesus Maria aménagée en musée.

Café à l’ancienne sur la plaza de Armas de Zarate. Nous avions fait escale à quelques kilomètres au port roulier sur le rio Parana avec le cargo Grande Buenos Aires en novembre dernier.

Finalement nous renonçons à stationner en Uruguay, qui accorde pourtant un an pour la voiture au lieu de 8 mois en Argentine, car en partant de Montevideo le billet d’avion coûte nettement plus cher et il faut prendre 3 avions et changer d’aéroport à Buenos Aires, c’est une perte de temps, pas pratique surtout quand on est encombré de bagages. Ensuite les escales seraient Sao Paulo + Madrid ou Sao Paulo + Londres.
Selon les correspondances, le retour proposé par l’agence Equinoxe s’étalait parfois sur 3 jours !

7 avril 2009
Nous réservons enfin notre retour, décollage le 22 avril depuis Buenos Aires, escale à Francfort, arrivée à Roissy.
Nous traversons la capitale. Ne trouvant pas rapidement de lieu sécurisé et couvert, nous décidons de rejoindre nos amis Jorge et Silvia, rencontrés à Chilecito, qui nous avaient proposé de chercher avec nous un parking sécurisé.


Encore un attelage surprenant sur l’autoroute.

Mar del Plata nous surprend. C’est une grande ville et une station balnéaire à la mode de 600 000 hts à 400 km au sud-est de Buenos Aires.
Nos amis Jorge et Silvia font tout pour nous être agréables et nous trouvent un stationnement couvert et gardé 24h/24 dépendant d’une station-service, en pleine ville.

Alors que nous déjeunons, garés sur le front de mer, une famille française, qui vit aux Etats-Unis, vient se ranger près de nous avec à la main notre livre, leur bible nous disent-ils.

Les surfeurs profitent de belles vagues, mais vêtus de combinaisons car l’eau de l’Atlantique est très fraîche.

Nos amis nous reçoivent chez eux très chaleureusement et nous offrent un asado servi sur un mini-barbecue rempli de braises, posé à même la table. Il tient la viande au chaud et permet à chacun de finir la cuisson selon son goût.

20 avril
Après une interview en direct de Marie-Paule à la radio, le bouche-à-oreille a fonctionné et elle est invitée à expliquer nos voyages à deux chaînes de télévision locales qui nous ont donné rendez-vous en bord de mer. C’est une belle journée d’automne mais il ne fait pas chaud.

A la fin de l’interview l’équipe télé et nos amis nous quittent et nous démarrons en première. Mais impossible d’enclencher une autre vitesse, le levier ne répond plus, pas moyen de passer au point mort, il ballotte de droite à gauche sans rien accrocher. Nous traversons alors lentement une partie de la ville pour rejoindre le garage d’un ami qui ne peut rien y faire et appelle Jorge. Demain nous irons voir un spécialiste des boîtes de vitesses, mais nous rentrons après-demain en France. Comment pourrait-il résoudre ce problème en une journée ? Il a certainement du travail prévu et une boîte de vitesses de 4X4, c’est compliqué.
Nous allons jusqu’à la station-service derrière laquelle nous devrons parquer le Land pendant notre absence et passons la nuit avec l’idée que nous devrons attendre 6 mois pour avoir un diagnostic mécanique. Et si au moins nous savions quelles pièces de la boîte sont défaillantes pour pouvoir les rapporter de France. Mais la voiture ne pourra pas rester 6 mois avec la boîte de vitesses ouverte...

21 avril
Dès 8 h 30, Jorge (notre sauveur) est là et nous conduit jusqu’au petit garage impeccablement rangé où Roberto officie avec ses deux mécanos. Ici pas d’enseigne, dans cette ville on sait que c’est lui LE spécialiste des boîtes de vitesses toutes marques. Il a la soixantaine. Toutes affaires cessantes, il s’emploie avec l’un de ses ouvriers à démonter le tunnel qui recouvre la boîte, puis installe le Land sur la fosse, descend un peu la boîte, l’ouvre. Rapidement il trouve l’origine du problème : une vis pointeau qui maintient une bague servant de guide sur un axe s’est desserrée. Il n’y a pas de pièce à changer. Ouf !
Le garage est parfaitement propre et bien organisé. Avant de remonter le couvercle d’alu nettoyé qui fermait la boîte, Roberto nous montre qu’il est comme neuf en passant un coup de langue dessus !
Tout est terminé vers 16 heures. L’addition est très modérée, ils ont pourtant passé à eux deux 6 à 8 heures et reporté le travail qu’ils avaient prévu de faire ce jour-là.
Grâce à Roberto et à nos amis, nous pouvons rentrer en France l’esprit tranquille, alors que nous imaginions qu’il faudrait peut-être changer la boîte, ce qui aurait coûté très cher. C’est vrai que nous totalisons 205 000 km et que nous n’avons pas ménagé notre monture ! Encore une fois nous apprécions la compétence, l’honnêteté et l’amabilité de ces gens.
Nous avons eu de la chance de tomber en panne dans une ville, alors que nous avons parcouru quantité de pistes isolées sans problème mécanique ni crevaison !

22 avril
Depuis Mar del Plata, en à peine 6 heures par autoroute un petit bus très confortable nous emmène à l’aéroport de Ezeiza et nous dépose juste en face de notre porte d’embarquement. Avec Lufthansa, service agréable, escale à Francfort, arrivée à Roissy.

23 avril 2009


Un de nos fils et ses deux enfants nous attendent à Roissy.

Puis nos quatre enfants et leurs familles viennent nous rejoindre. Nos petits-enfants ont bien changé en 6 mois et notre fille va bientôt accoucher.
Nous n’aimons pas les départs mais ils permettent de connaître les joies du retour !

Si vous prévoyez de rentrer en France en laissant votre véhicule stationné en Argentine, ne dépassez jamais la date de sortie figurant au bas du formulaire que la douane vous remet pour votre véhicule à chaque entrée en Argentine, et qui vous donne en général 240 jours maximum pour quitter le pays. (= 8 mois de 30 jours) Nous avons dû payer une amende (négociée  !) de 4 000 € pour nous être présentés après la date de sortie de la voiture. Qu’on se le dise ! L’amende n’est pas proportionnelle à la « faute » commise mais égale à 35% de la valeur du véhicule en Argentine, selon l’estimation de la douane. Pour eux un Land utilitaire 3 portes, 3 places en état moyen vaut aussi cher qu’il valait neuf en France en 1994 ! Sinon ils confisquent le véhicule !

Au passage, une petite précision : beaucoup confondent Amérique du Sud et Amérique latine.
L’Amérique latine est celle où on parle des langues d’origine latine  : espagnol, portugais, français. L’Amérique latine, c’est donc l’Amérique du Sud + l’Amérique centrale + le Mexique + les Caraïbes et pourquoi pas aussi la Nouvelle Orléans, Saint-Pierre et Miquelon et le Canada français… Ailleurs, on parle l’anglais, qui n’est pas une langue latine mais germanique.

Ce 4e voyage est terminé, voici le moment du bilan.

Après une vie en usine, la retraite nous permet d’avoir du temps, mais avec peu de moyens (j’étais ouvrier). Cette fin de vie aventureuse, nous l’avions rêvée, nous nous sommes employés de longue date à la préparer, nous avons voulu mettre toutes les chances de notre côté.
Concevoir et réaliser notre mini camping-car nous a pris environ 2 ans.
Nous sommes conscients que tout le monde n’a pas comme nous la chance de pouvoir voyager. Notre état de santé fait que ça n’est pas toujours facile, mais nous ne sommes pas encore mûrs pour la maison de retraite !
Le problème avec la douane de Puerto Madryn nous a gravement traumatisés et a gâché en partie notre voyage. Nous en avons déjà parlé dans la page 5 de ce récit, difficile de ne pas l’évoquer à nouveau ici. Nous avons de quoi être amers, l’amende de 4 000 € grève pour longtemps notre budget.
Nous avons ressenti cela comme une injustice, une trahison après tous nos efforts pour encourager les touristes à partir en Amérique du Sud et particulièrement en Argentine au travers de notre site, de notre livre, des explications données sur notre stand dans les festivals de voyageurs, les salons du 4X4 et nos diaporamas.
Les douaniers de Puerto Madryn nous tenaient et notre âge ne les a pas attendris. Nous étions pour eux une proie facile, sans risques, ils n’ont pas voulu nous lâcher. Ils avaient la possibilité légale de nous racketter et ne se sont pas gênés.
Si on se fait attaquer dans la rue le butin n’atteint pas 4 000 €, à moins de se faire voler la voiture et son contenu. Ces douaniers nous regardaient en face et nous disaient froidement : « On vous donne 10 jours pour nous apporter 4 000 € en liquide, sinon on confisque votre véhicule ! » Notre seule consolation c’est qu’au moment de payer, vu la présence de deux témoins amis, ils ont feint l’étonnement en voyant nos billets et nous ont dit d’aller payer à la banque sur le compte de la douane argentine. Ils ont probablement touché une récompense de leur administration pour cette « courageuse mission », mais l’argent n’est pas allé intégralement dans leur poche. Aucun argument ne pouvait les faire renoncer à ce racket, pas même le courrier de Mme Catalina prouvant que nous n’étions en rien responsables du retard du cargo qui nous a mis dans cette situation.
Le risque de nous faire confisquer notre véhicule, qui est aussi notre logement 6 mois par an, nous a cassé le moral. Même si nous sommes « coupables » d’avoir dépassé la durée de 240 jours qui nous avait été accordée, nous étions dans l’impossibilité de faire autrement. Nous n’avons jamais mis personne en danger, n’avons jamais essayé de frauder. Nous nous sommes présentés spontanément pour régulariser notre situation. Nous admettons le principe d’une amende mais même en France, il faudrait avoir commis une infraction extrêmement grave pour mériter une telle sanction.

Pourtant, en 4 voyages, 2 ans de parcours et au total 80 000 km, tous les Sud-Américains que nous avons rencontrés ont été on ne peut plus gentils avec nous, y compris la plupart des douaniers.

A quelque chose malheur est bon, dit-on. Avoir un Land Rover nous a aidés. Nous avons été très entourés et soutenus à Puerto Madryn par les Landistes quand ils ont su que cette menace planait sur nous, des gens extrêmement chaleureux qui ont organisé des fêtes pour nous faire oublier nos soucis et nous ont défendus. Avertis par le forum, les membres du landroverclub argentin nous ont soutenus par tous les moyens dont ils disposaient. Les Français, et en particulier ceux qui nous attendaient à Ushuaia, ont été adorables. Nous avons reçu quantité de courriels de soutien et cela nous a vraiment fait du bien. Nos quatre enfants et nos petits-enfants nous soutiennent et nous encouragent à voyager !
Nous voulons ici vous remercier tous, nous n’oublierons pas !

Mais nous pensons aussi à toutes ces pistes, ces montagnes aux couleurs étonnantes, aux cols franchis, aux rencontres et aux amis que nous nous sommes faits, à ceux que nous avons retrouvés, aux stoppeurs qui ont partagé un moment de notre vie, aux asados conviviaux.
Lacs, forêts, volcans, océans, montagnes, glaciers ont été notre univers ces 6 derniers mois.
Notre esprit, nos yeux sont encore tout imprégnés de ces souvenirs. Heureusement nous repartons en octobre pour encore 6 mois d’aventures. Ensuite… nous aviserons.

Alors si notre histoire vous a plu, nous nous efforcerons de vous raconter la suite de nos vagabondages, et surtout, si vous avez envie de partir vous aussi, n’hésitez pas, foncez !

Si vous aussi voulez partir, nous répondrons volontiers à vos questions dans la limite de nos connaissances. N’hésitez pas à nous contacter. Notre livre peut aussi vous fournir quantité d’informations.

A suivre...

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