QUATRIEME VOYAGE EN AMERIQUE DU SUD

VOLCAN CHAITEN

La Carretera Austral s’étire sur 1 000 km, depuis Villa O’Higgins au sud jusqu’à la petite ville de Chaiten au nord. La piste est la plupart du temps mauvaise, très rarement asphaltée mais des travaux d’élargissement, de construction de ponts en feront une piste correcte d’ici quelques années. Les montagnes alentour sont souvent couronnées de glaciers, le temps généralement brumeux nous les a très souvent masqués. Sur le parcours une seule ville (Cohaique) et quelques villages très éloignés les uns des autres.
La petite ville de Chaiten, située au bord du Pacifique, face à l’île de Chiloe qu’on aperçoit au loin, a vécu des moments terribles à cause de la proximité du volcan du même nom. Il est petit mais dangereux et méchant (tiens, ça me rappelle quelqu’un…) avec ses 960 m d’altitude seulement. Il est entré en éruption en mai 2008, et il a fallu évacuer toute la population et le bétail.

6 février 2009
A une cinquantaine de kilomètres de la ville nous sommes frappés par la couche de cendre blanche qui recouvre les bas-côtés de la route, enfin asphaltée. Plus on avance, plus le paysage est blanc ou gris et les arbres sur les montagnes sont morts, sans feuilles.
Au contrôle routier, les carabiniers nous autorisent à entrer dans la ville pour la journée.


En arrivant nous trouvons d’abord le cimetière, aux tombes recouvertes de près d’un mètre de cendre.

Le pont a eu bien du mal à résister à la crue du rio Blanco qui a emporté des arbres, créant des barrages naturels qui en cédant ont libéré des flots dévastateurs, arrachant les constructions près des rives et causant de très gros dégâts. La cendre qui tombait a chargé les toits des maisons qui se sont parfois écroulées.

Mais certaines sont encore habitées, souvent couvertes de pancartes mettant en cause le gouvernement chilien et la présidente, Mme Bachelet, leur reprochant de vouloir reconstruire la ville ailleurs.

Nous ferons la moitié du tour du volcan, sur une vingtaine de kilomètres, par une piste déserte. Puis nous abandonnerons en raison des pancartes apposées que nous n’avions pas vues et qui assimilent la pénétration par cette piste à une violation de domicile dans le parc Pumalin.
Ici le paysage est en noir et blanc, sauf de temps en temps une tache verte insolite, des rhubarbes géantes, des fuchsias, ou quelques pousses vertes sur un arbre qui semblait mort. Le sommet du volcan est perdu dans la fumée et nous voyons qu’il ressemble à un gruyère dont les trous laissent échapper des fumerolles inquiétantes.


De retour sur la plage de Santa Barbara, un lieu paradisiaque à 4 km de Chaiten, près d’un énorme rocher,
nous profitons d’une table de pique-nique pour prendre notre repas.

Retournant vers la ville, nous voyons arriver le ferry Don Baldo venu de Quellon sur l’île de Chiloe et attendons parmi les manifestants qu’il accoste. Slogans, pancartes, les gens présents protestent, ils ne veulent pas que leur ville soit abandonnée. La télévision est là. Les passagers et quelques voitures sortiront au compte-gouttes. Nous regagnons la ville bordée de la plage. L’océan est loin maintenant à cause de la cendre qui a recouvert le sable et l’eau.


Rencontre de jeunes cyclistes français très sympas.

La ville est quasi déserte, sinistre, seul un petit supermarché est ouvert, faiblement éclairé par quelques ampoules alimentées par son propre groupe électrogène. Un touriste suisse proteste car la bière dans le frigo n’est pas fraîche, avant de réaliser qu’il n’y a pas suffisamment d’électricité pour qu’il fonctionne.
Dans la boutique, sous nos pieds le sable et la cendre crissent, les produits sur les rayons sont couverts de poussière de cendre. Une petite radio à fond crachote et grésille. Ambiance sinistre de fin du monde.

Nous n’avons pas envie de nous attarder ici. Les montagnes brumeuses se sont dégagées et on voit très bien le sommet du volcan qui crache ses fumées.

Une dizaine de stoppeurs nous supplient de les emmener, nous chargeons finalement un couple de Belges très sympathiques jusqu’à Santa Lucia, petit village où d’autres stoppeurs nous supplient encore de les prendre. Ils vont comme nous en Argentine.
Mais il est 20 heures, dans 2 heures il fera nuit et nous ne voulons pas nous lancer dans la montagne à cette heure-ci. Nous les prendrons demain.

Chaiten, (5 700 hts) capitale de province depuis 1981, ne comptait que 3 maisons en 1933.
En 1946, l’armée chilienne commence le tracé de la route australe.
En avril 2008 la ville compte 5 700 habitants.
Le 2 mai 2008 le volcan Chaiten (962 m) se réveille. La ville est évacuée.
Le 7 mai éruption de cendres et de lave. Alerte maximale. Les 400 personnes restées à Chaiten doivent partir ainsi que le bétail.
Les pluies de cendres ont recouvert la ville. Sous le poids de la cendre et de la pluie des maison s’effondrent, les pâturages disparaissent, le rio Blanco déborde et arrache des habitations.
Les cendres, poussées par le vent d’ouest franchissent les Andes et atteignent l’Argentine, jusqu’à Buenos Aires à 1 000 km de là.
Février 2009. D’impressionnantes et épaisses fumées blanches sortent toujours du volcan. Spectacle désolant de la ville quasi fantôme. 250 personnes sont revenues dans leurs maisons. Certaines rues dégagées sont bordées d’un mètre de cendre.
Les habitants manifestent pacifiquement, refusent d’abandonner leurs terres et protestent contre le projet du gouvernement de reconstruire la ville ailleurs.
20 février 2009. Deux semaines après notre passage, nouvelle alerte, les fumées et les cendres s’élèvent à plus de 10 000 mètres et les villages des environs d’Esquel en Argentine reçoivent de nouvelles pluies de cendres.
Seconde évacuation totale des habitants.

Une équipe de scientifiques états-uniens pense que le sort du volcan Chaiten sera comparable à celui du mont Saint Elens aux Etats-Unis, qui avait explosé violemment en mai 1980.
Affaire à suivre…

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