Samedi 1er décembre
Arrivée vers 2 heures du matin à Dakar (Sénégal).
Il faut la journée pour décharger encore 700 véhicules,
des voitures neuves mais aussi au pont 13 les 200 voitures usagées
et souvent hors d'usage, provenant des casses d’Europe, rangées
serrées les unes contre les autres, les rétros extérieurs
arrachés, les carrosseries enfoncées ! Mais ils ne
les empilent pas encore comme à la casse ! L’organisation
du port est efficace. L’après-midi une équipe monte
à bord et décharge les pauvres voitures. Celles qui ne démarrent
plus sont poussées sans ménagement par celles dont le moteur
fonctionne encore, jusqu'à un chevalet qui les descend deux par
deux, avec l’une des grues du navire. Les phares cassent, les boules
d’attelage s’accrochent sous les pare-chocs qui se fendent
et tombent. Le massacre est permanent. Pas de chance pour celles dont
le moteur tourne encore, leur carrosserie souffrira davantage en poussant
les autres. Après s’être balancées au bout des
câbles de la grue, elles atterrissent sur le quai. Des hommes les
poussent et si une roule encore, elle en poussera deux sans douceur, sinon
de puissants petits véhicules spécialement équipés
d’un énorme pare-chocs en caoutchouc leur font monter le
pont levis du navire et les poussent quelques étages plus haut
par les rampes intérieures. On entend les dégâts causés
aux feux et aux carrosseries. Destinées aux ports suivants, les
voitures quittent le pont 13 pour remonter au 5e ou 6e devenus libres
grâce aux voitures débarquées à Casablanca
et Dakar. Les descendre de 7 ou 8 étages améliore probablement
la stabilité du navire. Les passagers peuvent enfin se promener
sur la totalité des 94 mètres x 32 du pont 13.
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A Dakar le port est dans la ville. Nous allons nous promener
et chercher un Internet. Ambiance africaine, relax et bon enfant. Petits
commerces sur les trottoirs, les vendeurs nous saluent amicalement sans
insister. Un Sénégalais nous guide jusqu’à
un cybercafé, dans le sous-sol sans climatisation d’un grand
hôtel. En une heure, pour 1 Euro, nous pouvons régler
le plus urgent.
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Les taxis jaune et noir sont dans un état de délabrement
avancé, les paniers à salade (véhicules de la police
municipale) aux pneus à plat et phares cassés, couverts
de poussière, garés devant le commissariat n’inquiètent
plus les délinquants.
De retour au bateau pour midi, il fait trop chaud pour que nous ayons
envie de ressortir. Nous préférons observer l’activité
du port. Le Grande Africa, encore un clone de notre navire, est
à quai en face de nous et décharge lui aussi containers
et vieilles voitures. Derrière lui, l’île de Gorée,
d’où sont partis pour les Amériques des centaines
de milliers d’esclaves. On imagine leurs conditions de traversée…
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Lundi 3 décembre
A 3 heures du matin, tout est rechargé, nous partons
pour 5 heures de navigation. Mais la matinée et une partie de l’après-midi
se passent à l’arrêt, en pleine mer, très calme,
à attendre qu’une place se libère dans le petit port
de Banjul.
Le soir la douane gambienne monte à bord et notre capitaine (italien)
nous informe que nous pouvons passer la journée du lendemain à
terre. Prix du visa pour une journée : 10 €. Nous acceptons
volontiers.
Dans le port de commerce, la place est limitée. La moitié
de notre navire dépasse le bout du quai. Nos grues doivent charger
près de 200 containers vides. Un porte-container est rangé
derrière nous. En face un bateau venu du Brésil décharge
de gros sacs de sucre en poudre. Une grue les descend par 10 ou 15 directement
sur le plateau de camions délabrés où des hommes
les reprennent pour les empiler.
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Mardi 4, de Banjul
Ici c’est l’Afrique profonde. Pour nous Européens,
c’est très « pittoresque ». Les petites
échoppes bordent les rues, vêtements et tissus très
colorés permettent de belles photos mais la misère est grande.
Les femmes portent leur bébé dans le dos.
Les visages sont souvent très typés, les cheveux
des femmes et des fillettes soigneusement coiffés en carrés
avec de toutes petites nattes ou en rangées bien parallèles,
les boubous et coiffures de certaines dames sont très élégants.
Les beaux 4x4 côtoient des taxis jaune et vert et des voitures délabrées.
Des hommes poussent de lourdes charrettes.
La ville est un grand marché et des échoppes proposent des
souvenirs aux touristes, peu nombreux. Banjul, capitale de la Gambie,
petit pays entouré par le Sénégal, sauf côté
mer. Cette ancienne colonie britannique en a conservé la langue
mais a heureusement adopté la conduite à droite.
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Parfois une brouette en tôle devient un canapé très
ergonomique pour la sieste ! Admirez la technique ! |
Sur les trottoirs ou dans la benne des pick-up, des moutons
passent. Comme chez nous pour les dindes en fin d’année,
leur espérance de vie est courte, une fête le 22 décembre
devrait leur être fatale !
On trouve un Internet avenue Nelson Mandela. 1 dollar l’heure, mais
on nous offre 20 minutes supplémentaires car il est très
lent.
On se sent tout à fait tranquilles ici, c’est
calme. La chaleur renforce les odeurs et sur la plage
nous découvrons une quarantaine de longues pirogues, certaines
rencontrées en pleine mer la veille.
Du poisson sèche le long de la plage, posé directement sur
le sable. Il est stocké plus haut, empilé en plein air.
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N'oublions pas les aficonados de Land Rover.... |
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Mercredi 5 décembre
Partis en pleine nuit, nous arrivons à Conakry au
lever du soleil, à 7 h 30 environ.
La Guinée Conakry est une ancienne colonie française.
Entre le port et une grande île, plusieurs carcasses de bateaux
dépassent le niveau de la mer. Cimetière de bateaux. C’est
sinistre.
Le port est plutôt grand. Un porte-containers est en cours de chargement,
des vraquiers sont vidés.
On transpire à grosses gouttes. Il fait chaud et très humide.
Moyennant un visa de 6 Euros, on peut aller en ville, mais elle ne paraît
pas très attrayante et nous y renonçons tous. De vieilles
voitures sont déchargées et attachées les unes aux
autres en petits trains, tirés par une dont le moteur tourne.
Nous observons tard le soir l’activité du port, éclairé
surtout par les phares des bateaux, les quelques lampadaires du port et
de la ville sont bien insuffisants. Le travail de chargement et déchargement
continue dans la nuit. Les containers sont parfois durement chahutés
et cognés. Espérons que ce qu’ils contiennent est
bien emballé, et si ce sont des véhicules, qu’ils
ont été calés et sanglés solidement.
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Jeudi 6 décembre
Nous avons quitté Conakry à 4 heures du matin. Nous apercevons
ce matin les petites montagnes du Sierra Leone et entrons dans un très
large estuaire. La végétation luxuriante couvre les hautes
collines, pas de doute, il pleut souvent ici.
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A Freetown, un peu de brume de chaleur. Grands arbres, palmiers, et de belles
criques, des plages de sable, de belles villas avec terrain descendant jusqu’à
la mer. Plus loin ce sont des bidonvilles, eux aussi en bord de mer, que
nous avions déjà vus en 2003. Pour les pauvres, peu de changement.
Face à nous, le couvent brûlé pendant la guerre qui
sévissait voici une dizaine d’années a toujours ses
murs calcinés et pas de toit. Malgré ça il est habité.
Personne parmi nous ne va en ville. Nous observons l’activité
du port où règne une organisation efficace. Mais un vraquier
met plus de 2 heures pour accoster car il n’y a qu’un seul pilote
et un seul remorqueur. La nuit ici aussi l’éclairage est insuffisant,
pourtant on charge quantité de containers. On part tard dans la nuit.
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Vendredi 7
En route pour 4 jours ½ de mer, nous traversons l’Atlantique.
Passagers clandestins, des chauves-souris volent autour du bateau, des
criquets et grillons nous « charment » de leur chant,
papillons et autres insectes nous accompagnent. Le soir, ciel couvert
et au loin des éclairs de chaleur.
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Samedi 8 décembre
Il fait chaud, c’est bien agréable. A 16 h 30 répétition
d’alerte incendie pour l’équipage. A 18 h 10 on nous
signale par haut-parleurs que nous franchissons l’équateur,
mais il n’y aura pas de fiesta.
Nous allons à l’arrière offrir des fleurs séchées
de notre jardin à Neptune, mieux vaut être en bons termes
avec lui !
Nous passons directement de la fin de l’automne à la fin
du printemps sans nous en apercevoir et devrions arriver à Buenos
Aires juste avant l’été, le 20 décembre.
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Dimanche 9 décembre
Un dimanche ordinaire, en mer. Bronzage, lecture, poissons
volants, dauphins, quelques bateaux.
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Lundi 10
Nous avons déjà décalé nos montres
de 3 heures, il est pour nous 6 h 30 mais 9 h 30 en France. Il fait jour
et soleil depuis 5 h 45 et nuit vers 18 h 15.
Le changement d’heure, dans la nuit, à raison d’une
heure de temps en temps, retarde le petit déjeuner, toujours disponible
dès 7 h 30. On trouvait ça bien tôt mais maintenant
plutôt tard. Repas à midi et 18 heures, sans changement.
Ca fait des soirées un peu longues. On sort dans la nuit noire
et sans lune, toutes lumières extérieures éteintes,
observer la voûte céleste qui monte puis descend à
cause du léger roulis. On a l’impression de voir des étoiles
filantes qui descendent puis remontent dans le ciel. Ca fait un effet
très bizarre.
La température est agréable et nous n’avons pas trop
chaud grâce au vent. Dedans, avec la clim, il fait plutôt
frais.
On croise parfois un autre navire. On s’asseoit au soleil, on lit,
on discute et de temps en temps on va voir les officiers à la passerelle,
observer les cartes et les radars. Cet après-midi nous avons dû
passer nos gilets de sauvetage pour un exercice d’évacuation
du navire pour les passagers et l’équipage. Jacques essaie
la combinaison de sauvetage en néoprène, il a tout de Bibendum.
Grosse rigolade ! Mais tout va bien, pourvu que ça dure…
Et s’il fallait abandonner notre BerliLand, le pourrions-nous ?
Les consignes et exercices de sécurité ont été
revus à la hausse depuis 2004. On s’y plie volontiers.
Nous doublons un voilier, des goélands nous suivent toute la journée.
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Mardi 11
11 heures. L’arrivée à Salvador de Bahia
(Brésil) est impressionnante par la taille et le nombre
des immeubles qui s’avancent jusqu’à la mer. De loin,
on croirait une ville nord-américaine.
Nous passons l’après-midi dans la vieille ville, baroque,
et dans un Internet très lent.
Les Bahianaises portent encore les traditionnelles robes très
larges avec des volants et des corsages blancs, comme ce mannequin du
musée, mais les jeunes ont adopté la mini-jupe. La population
est très métissée.
Les décorations de Noël, les faux sapins décorés
et les pères Noël sont surprenants par cette chaleur.
C’est très dur de gagner de quoi manger pour l’homme
qui joue la statue vivante, ainsi que pour le chien qui n’a
rien trouvé d’autre à se mettre sous la dent !
La
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