PARTIE II
Dakar, Banjul, Conakry, Freetown, Salvador de Bahia
(1er au 11 décembre 2007)
 

Samedi 1er décembre

Arrivée vers 2 heures du matin à Dakar (Sénégal).
Il faut la journée pour décharger encore 700 véhicules, des voitures neuves mais aussi au pont 13 les 200 voitures usagées et souvent hors d'usage, provenant des casses d’Europe, rangées serrées les unes contre les autres, les rétros extérieurs arrachés, les carrosseries enfoncées ! Mais ils ne les empilent pas encore comme à la casse ! L’organisation du port est efficace. L’après-midi une équipe monte à bord et décharge les pauvres voitures. Celles qui ne démarrent plus sont poussées sans ménagement par celles dont le moteur fonctionne encore, jusqu'à un chevalet qui les descend deux par deux, avec l’une des grues du navire. Les phares cassent, les boules d’attelage s’accrochent sous les pare-chocs qui se fendent et tombent. Le massacre est permanent. Pas de chance pour celles dont le moteur tourne encore, leur carrosserie souffrira davantage en poussant les autres. Après s’être balancées au bout des câbles de la grue, elles atterrissent sur le quai. Des hommes les poussent et si une roule encore, elle en poussera deux sans douceur, sinon de puissants petits véhicules spécialement équipés d’un énorme pare-chocs en caoutchouc leur font monter le pont levis du navire et les poussent quelques étages plus haut par les rampes intérieures. On entend les dégâts causés aux feux et aux carrosseries. Destinées aux ports suivants, les voitures quittent le pont 13 pour remonter au 5e ou 6e devenus libres grâce aux voitures débarquées à Casablanca et Dakar. Les descendre de 7 ou 8 étages améliore probablement la stabilité du navire. Les passagers peuvent enfin se promener sur la totalité des 94 mètres x 32 du pont 13.

A Dakar le port est dans la ville. Nous allons nous promener et chercher un Internet. Ambiance africaine, relax et bon enfant. Petits commerces sur les trottoirs, les vendeurs nous saluent amicalement sans insister. Un Sénégalais nous guide jusqu’à un cybercafé, dans le sous-sol sans climatisation d’un grand hôtel. En une heure, pour 1 Euro, nous pouvons régler le plus urgent.

Les taxis jaune et noir sont dans un état de délabrement avancé, les paniers à salade (véhicules de la police municipale) aux pneus à plat et phares cassés, couverts de poussière, garés devant le commissariat n’inquiètent plus les délinquants.
De retour au bateau pour midi, il fait trop chaud pour que nous ayons envie de ressortir. Nous préférons observer l’activité du port. Le Grande Africa, encore un clone de notre navire, est à quai en face de nous et décharge lui aussi containers et vieilles voitures. Derrière lui, l’île de Gorée, d’où sont partis pour les Amériques des centaines de milliers d’esclaves. On imagine leurs conditions de traversée…

__________________________________________________

Lundi 3 décembre

A 3 heures du matin, tout est rechargé, nous partons pour 5 heures de navigation. Mais la matinée et une partie de l’après-midi se passent à l’arrêt, en pleine mer, très calme, à attendre qu’une place se libère dans le petit port de Banjul.
Le soir la douane gambienne monte à bord et notre capitaine (italien) nous informe que nous pouvons passer la journée du lendemain à terre. Prix du visa pour une journée : 10 €. Nous acceptons volontiers.

Dans le port de commerce, la place est limitée. La moitié de notre navire dépasse le bout du quai. Nos grues doivent charger près de 200 containers vides. Un porte-container est rangé derrière nous. En face un bateau venu du Brésil décharge de gros sacs de sucre en poudre. Une grue les descend par 10 ou 15 directement sur le plateau de camions délabrés où des hommes les reprennent pour les empiler.

__________________________________________________

Mardi 4, de Banjul

Ici c’est l’Afrique profonde. Pour nous Européens, c’est très « pittoresque ». Les petites échoppes bordent les rues, vêtements et tissus très colorés permettent de belles photos mais la misère est grande. Les femmes portent leur bébé dans le dos.

Les visages sont souvent très typés, les cheveux des femmes et des fillettes soigneusement coiffés en carrés avec de toutes petites nattes ou en rangées bien parallèles, les boubous et coiffures de certaines dames sont très élégants. Les beaux 4x4 côtoient des taxis jaune et vert et des voitures délabrées. Des hommes poussent de lourdes charrettes.
La ville est un grand marché et des échoppes proposent des souvenirs aux touristes, peu nombreux. Banjul, capitale de la Gambie, petit pays entouré par le Sénégal, sauf côté mer. Cette ancienne colonie britannique en a conservé la langue mais a heureusement adopté la conduite à droite.

Parfois une brouette en tôle devient un canapé très ergonomique pour la sieste ! Admirez la technique !

Sur les trottoirs ou dans la benne des pick-up, des moutons passent. Comme chez nous pour les dindes en fin d’année, leur espérance de vie est courte, une fête le 22 décembre devrait leur être fatale !
On trouve un Internet avenue Nelson Mandela. 1 dollar l’heure, mais on nous offre 20 minutes supplémentaires car il est très lent.

On se sent tout à fait tranquilles ici, c’est calme. La chaleur renforce les odeurs et sur la plage nous découvrons une quarantaine de longues pirogues, certaines rencontrées en pleine mer la veille.

Du poisson sèche le long de la plage, posé directement sur le sable. Il est stocké plus haut, empilé en plein air.

N'oublions pas les aficonados de Land Rover....

__________________________________________________

Mercredi 5 décembre

Partis en pleine nuit, nous arrivons à Conakry au lever du soleil, à 7 h 30 environ.

La Guinée Conakry est une ancienne colonie française. Entre le port et une grande île, plusieurs carcasses de bateaux dépassent le niveau de la mer. Cimetière de bateaux. C’est sinistre.
Le port est plutôt grand. Un porte-containers est en cours de chargement, des vraquiers sont vidés.
On transpire à grosses gouttes. Il fait chaud et très humide. Moyennant un visa de 6 Euros, on peut aller en ville, mais elle ne paraît pas très attrayante et nous y renonçons tous. De vieilles voitures sont déchargées et attachées les unes aux autres en petits trains, tirés par une dont le moteur tourne.
Nous observons tard le soir l’activité du port, éclairé surtout par les phares des bateaux, les quelques lampadaires du port et de la ville sont bien insuffisants. Le travail de chargement et déchargement continue dans la nuit. Les containers sont parfois durement chahutés et cognés. Espérons que ce qu’ils contiennent est bien emballé, et si ce sont des véhicules, qu’ils ont été calés et sanglés solidement.

__________________________________________________

Jeudi 6 décembre

Nous avons quitté Conakry à 4 heures du matin. Nous apercevons ce matin les petites montagnes du Sierra Leone et entrons dans un très large estuaire. La végétation luxuriante couvre les hautes collines, pas de doute, il pleut souvent ici.


A Freetown, un peu de brume de chaleur. Grands arbres, palmiers, et de belles criques, des plages de sable, de belles villas avec terrain descendant jusqu’à la mer. Plus loin ce sont des bidonvilles, eux aussi en bord de mer, que nous avions déjà vus en 2003. Pour les pauvres, peu de changement. Face à nous, le couvent brûlé pendant la guerre qui sévissait voici une dizaine d’années a toujours ses murs calcinés et pas de toit. Malgré ça il est habité.
Personne parmi nous ne va en ville. Nous observons l’activité du port où règne une organisation efficace. Mais un vraquier met plus de 2 heures pour accoster car il n’y a qu’un seul pilote et un seul remorqueur. La nuit ici aussi l’éclairage est insuffisant, pourtant on charge quantité de containers. On part tard dans la nuit.

__________________________________________________

Vendredi 7

En route pour 4 jours ½ de mer, nous traversons l’Atlantique. Passagers clandestins, des chauves-souris volent autour du bateau, des criquets et grillons nous « charment » de leur chant, papillons et autres insectes nous accompagnent. Le soir, ciel couvert et au loin des éclairs de chaleur.

__________________________________________________

Samedi 8 décembre

Il fait chaud, c’est bien agréable. A 16 h 30 répétition d’alerte incendie pour l’équipage. A 18 h 10 on nous signale par haut-parleurs que nous franchissons l’équateur, mais il n’y aura pas de fiesta.
Nous allons à l’arrière offrir des fleurs séchées de notre jardin à Neptune, mieux vaut être en bons termes avec lui !
Nous passons directement de la fin de l’automne à la fin du printemps sans nous en apercevoir et devrions arriver à Buenos Aires juste avant l’été, le 20 décembre.

__________________________________________________

Dimanche 9 décembre

Un dimanche ordinaire, en mer. Bronzage, lecture, poissons volants, dauphins, quelques bateaux.

__________________________________________________

Lundi 10

Nous avons déjà décalé nos montres de 3 heures, il est pour nous 6 h 30 mais 9 h 30 en France. Il fait jour et soleil depuis 5 h 45 et nuit vers 18 h 15.
Le changement d’heure, dans la nuit, à raison d’une heure de temps en temps, retarde le petit déjeuner, toujours disponible dès 7 h 30. On trouvait ça bien tôt mais maintenant plutôt tard. Repas à midi et 18 heures, sans changement. Ca fait des soirées un peu longues. On sort dans la nuit noire et sans lune, toutes lumières extérieures éteintes, observer la voûte céleste qui monte puis descend à cause du léger roulis. On a l’impression de voir des étoiles filantes qui descendent puis remontent dans le ciel. Ca fait un effet très bizarre.
La température est agréable et nous n’avons pas trop chaud grâce au vent. Dedans, avec la clim, il fait plutôt frais.
On croise parfois un autre navire. On s’asseoit au soleil, on lit, on discute et de temps en temps on va voir les officiers à la passerelle, observer les cartes et les radars. Cet après-midi nous avons dû passer nos gilets de sauvetage pour un exercice d’évacuation du navire pour les passagers et l’équipage. Jacques essaie la combinaison de sauvetage en néoprène, il a tout de Bibendum. Grosse rigolade ! Mais tout va bien, pourvu que ça dure… Et s’il fallait abandonner notre BerliLand, le pourrions-nous ? Les consignes et exercices de sécurité ont été revus à la hausse depuis 2004. On s’y plie volontiers.
Nous doublons un voilier, des goélands nous suivent toute la journée.

__________________________________________________

Mardi 11

11 heures. L’arrivée à Salvador de Bahia (Brésil) est impressionnante par la taille et le nombre des immeubles qui s’avancent jusqu’à la mer. De loin, on croirait une ville nord-américaine. Nous passons l’après-midi dans la vieille ville, baroque, et dans un Internet très lent.

Les Bahianaises portent encore les traditionnelles robes très larges avec des volants et des corsages blancs, comme ce mannequin du musée, mais les jeunes ont adopté la mini-jupe. La population est très métissée.
Les décorations de Noël, les faux sapins décorés et les pères Noël sont surprenants par cette chaleur.

C’est très dur de gagner de quoi manger pour l’homme qui joue la statue vivante, ainsi que pour le chien qui n’a rien trouvé d’autre à se mettre sous la dent !

La suite...

Retour à l'index