
La route à la sortie des gorges, telle qu’elle était
quand nous sommes montés vendredi, avant l’orage.

La même route après l'orage.

Dimanche après-midi, de retour à Jagüe, nous descendons
vers la route coupée. A l’entrée des gorges elle
a disparu, mangée par le río et il reste seulement la
place pour un piéton, une bicyclette ou peut-être une moto,
en faisant très attention.
Huit 4x4 de tours operators, chargés de touristes,
ne veulent pas reprendre l’autre piste, en très mauvais
état et vertigineuse,
très dangereuse, qu’ils ont prise pour monter à
Jagüe ce matin et ils se lancent dans la traversée à
gué du rio.
Il y a du courant mais la profondeur ne semble pas dépasser 50
cm.

Alors on prend de l’élan et ça gicle jusqu’au
toit...
Pas très orthodoxe comme technique, mais on est passés
et on suit le convoi.

On fait 8 km en convoi, dans ces gorges une pluie de pierres et de rochers
a encombré la route de terre par endroits en construction,
où les à-pics sont impressionnants. La piste parfois couverte
d’éboulis vient d’être dégagée
par un engin et ça passe. La force de l’eau a causé
des dégats considérables, réduit la largeur de
la piste. Plus loin, tout un amas de pierres et surtout un rocher gros
comme une camionnette bouchent le passage.

La nuit commence à tomber. N’ayant pas d’autre choix,
les tour operators sont contraints de renoncer et rebroussent chemin
jusqu’au gué pour tenter de ramener dans la nuit leurs
clients par la piste périlleuse.
Ne voulant pas remonter et repasser le río à gué
dans l’autre sens pour suivre les autres 4x4 équipés
de pneus accrocheurs et de treuils, (nos pneus Michelin route n’ont
jamais crevé mais n’ont pas assez de reliefs), nous préférons
attendre ici tout seuls la réouverture de la route.
Nous nous installons pour une première nuit sur une portion de
la future route où sont parqués les engins de chantier,
hors de portée du río et des chutes de pierres. Nuit calme
sous la pleine lune et la Croix du Sud.
Combien de temps faudra-t-il pour dégager ces tonnes de rochers,
parfois en équilibre au bord du précipice ?
D’autres engins ont-ils entrepris de dégager la route en
partant d’en bas depuis Vinchina ? Quand la jonction aura-t-elle
lieu ?

__________________________________________________
Lundi de Pâques
Ce matin le soleil est présent, nous avons encore
30 litres d’eau et des provisions, quelques conserves et du pain.
On peut tenir quelques jours. Et des ouvriers finiront bien par passer
avec un engin pour continuer leur travail.
En attendant nous prenons le petit déjeuner. Mais personne !
Pour passer le temps nous rebroussons chemin et prenons des photos,
impressionnés par les ravages de la pluie et du rio, par la chute
de roches.
A 10 heures arrivent de Jagüe un engin de chantier et 3 pick-up
4x4, chargés d’ouvriers. Un pick-up de la municipalité
transporte au moins une douzaine de passagers, des enfants et des vieilles
femmes. Ils franchiront à pied les éboulis et contourneront
le gros rocher qui bouche la piste en passant au bord du vide.
Une camionnette les attend de l’autre côté. L’espoir
renaît pour nous, s’il ne reste que ce verrou à faire
sauter, la délivrance viendra. Mais quand ? Demain, dans une
semaine ? Et s’il pleuvait de nouveau ?

A midi, nous sortons la table et mangeons tranquillement quand nous
voyons monter un Land Rover Discovery. Il ne peut venir que d’en
bas, du village de Vinchina. Ca veut dire que le passage est ouvert.
Ricardo, dit “Bigote”, est membre comme nous du Land Rover
Club argentin. Il nous connaît par leur site internet et nous
annonce que ça passe.
Peu après arrive un pick-up de la police avec le député
qui nous confirme que la voie est libre et nous propose de l’eau
minérale.


Le gros rocher est toujours là, il a été repoussé
contre la montagne. Le bord de la piste est dégagé et
rechargé avec des rochers
et de la terre. Je fais descendre Marie-Paule pour la photo, et aussi
parce que je préfère être seul, on ne sait jamais...

La suite nous consterne tout autant. La nouvelle route a parfois disparu,
ailleurs c’est l’ancienne, par où nous étions
venus.
A voir le sable et la boue sur la chaussée, le río a dû
monter par endroits de plus de 10 mètres, renversant souvent
les grandes cages
en fils d’acier remplies de roches qui servaient de soutènement.
Enfin nous sortons des gorges et arrivons dans une large vallée,
où de grandes flaques témoignent des caprices du río.
Encore 80 km de route excellente et nous sommes de retour à Villa
Unión, où nous retrouvons nos habitudes, le cybercafe,
du gasoil et peut-être un restaurant. Et les petites mouches qui
nous agacent...
Pour nous tout se termine bien, mais pour les travaux finis ou en cours
sur cette route, presque tout est à refaire sur près de
20 km.
Le Land a été absolument parfait, c’est rassurant.
Nous qui aimons l’aventure, nous avons été servis
!
Demain nous partirons en direction de Cordoba, le parcours sera bien
plus cool, en principe...
Renseignements pris, l’orage n’a fait aucune victime.
La suite...
Retour à l'index
|